Il a été beaucoup question ces derniers temps des relations que le général de Gaulle entretenait avec l’Alsace, en particulier à l’occasion du cinquantenaire de sa disparition. Nous nous joignons évidemment à celles et à ceux qui ont souligné la grandeur du personnage. Au-delà du grand patriote, celui de 1940, il a aussi été le grand réconciliateur, une fois la paix retrouvée en 1945, d’une France extrêmement divisée. Ce qui nous amène à faire un communiqué, ce sont les propos rapportés par les DNA (et l’Alsace ?) du 19/2/21 de Richard Kleinschmager qui disait que le général avait reconnu la part germanique de la région, si bien que « les Alsaciens se sont sentis écoutés et compris dans leur complexité ». Les Alsaciens ont surtout vu en de Gaulle le représentant de la France qu’ils venaient de retrouver, celui de la paix, mais aussi celui de l’ordre et de l’intégrité. Sur ces points, ils ne sont pas trompés. Rappelons cependant que c’est sous le gouvernement provisoire (3/6/1944 au 27/10/1946), que le général présidait, qu’ont été prises les ordonnances et autres instructions qui prononçaient des interdits scolaires à l’encontre de la langue allemande dans les écoles d’Alsace. Pour la première fois de son histoire, depuis le Moyen Âge, les écoles d’Alsace n’enseigneront plus la langue allemande pendant des décennies. Elle le sera dans les collèges et les lycées, mais en tant que langue étrangère. La langue allemande verra aussi son usage considérablement restreint dans les médias (journaux, radios…), dans l’administration et la culture. Toute cette politique avait pour objectif la mutation linguistique, sans évidemment que les Alsaciens ne soient consultés. La conscience alsacienne est sortie extrêmement meurtrie du dernier conflit mondial, ce qui fait qu’après-guerre les Alsaciens n’ont plus défendu leur particularité linguistique, comme ils le faisaient avant-guerre, ardemment. Quelque 15 ans plus tard, ils voteront à une très grande majorité pour le général, c’est-à-dire pour celui, qui s’il n’en a pas été à l’origine, a du moins laissé faire, à savoir l’organisation de l’abandon de la part germanique, c’est-à-dire allemande, de l’identité alsacienne. Drôle de façon de reconnaître la germanité de l’Alsace ?
Pierre Klein