« Il ne faut pas de débat qui divise », propos du président Macron rapportés par les DNA et L’Alsace[1] . Il ne faudrait donc débattre que de ce dont on est par avance d’accord. Drôle de conception de la démocratie.
Les Alsaciennes et les Alsaciens ont dans leur grande majorité exprimé leur volonté de voir l’Alsace être dotée d’une institution régionale pleine et entière, fusionnant notamment la CeA avec les compétences d’une région. Encore récemment le Conseil d’Alsace a voté une résolution allant dans ce sens. L’Alsace est en désaccord et elle entend que ce désaccord soit débattu publiquement, en dehors du confinement des salons feutrés de la République.
Les propos tenus par ailleurs par le président doivent être complétés par lui-même. Qu’il dise clairement qu’il est contre ce que l’Alsace demande et qu’il en donne tout aussi clairement les raisons. Les Alsaciennes et les Alsaciens sont en droit de connaître le fond de sa pensée sur le sujet.
Monsieur le président, une réponse publique de votre part serait de bon aloi. Il faut de la clarté et toute la classe politique alsacienne doit l’exiger. Étonnante démocratie tout de même où tout finalement dépend du bon vouloir d’un homme et où la vox populi, l’opinion du plus grand nombre, est aujourd’hui dédaignée.
Il faut maintenant que la classe politique alsacienne soit à la hauteur des enjeux et qu’unie comme jamais, elle se montre déterminée dans le débat public à venir et à obtenir. À ne faire aucun cas de la demande alsacienne maintes fois exprimée et sous plusieurs formes, il faudra bien en arriver au clash. Entrer en conflit est un mode opératoire indissociable de la démocratie en ce qu’il sert à provoquer le débat lorsqu’il n’a pas véritablement lieu et en ce qu’il requiert une solution.
En 2014, lors d’un débat réunissant les élus des Collectivités territoriales alsaciennes (Conseil régional d’Alsace et Conseils départementaux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin), 97 % des Conseillères et Conseillers s’étaient prononcé(e)s, dans leur délibération, contre la fusion de l’Alsace dans le Grand Est. Si à l’époque, n’ayant pas été entendu(e)s par la suite, ces élu(e)s avaient osé aller au clash et avaient par exemple démissionné, nous n’en serions surement pas à être amenés à quémander aujourd’hui.
L’Alsace ne vaut-elle pas une crise politique ? Celles et ceux des élu(e)s qui la provoqueraient seraient à coup sûr réélu(e)s.
Pierre Klein, président
[1] du 20 avril 2023.