ICA lance un manifeste intitulé : « Manifeste contre le linguicide de la langue régionale d’Alsace »
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Manifeste contre le linguicide de la langue régionale d’Alsace[1]
Il se parle quelque 7000 langues à travers le monde. 2500 d’entre-elles sont en voie de disparition[2]. Disparaissent celles qui ne bénéficient pas d’une existence sociale pleine et entière leur conférant valeur et dignité, c’est-à-dire une existence scolaire, médiatique, administrative, culturelle, économique ou encore cultuelle.
Ne pas conférer une telle existence sociale à une langue, c’est la condamner à végéter d’abord, à mourir ensuite. Et lorsqu’une langue meurt, meurt avec elle la culture qu’elle véhiculait, c’est-à-dire une certaine approche et compréhension du monde et de la vie, des gens et des choses. Et, citant le philosophe Michel Serres : « Un peuple qui perd sa langue perd sa culture ; un peuple qui perd sa culture perd son identité ; un peuple qui perd son identité n’existe plus ».
Les Alsaciens, depuis que l’Alsace est française, ne se sont très majoritairement pas opposés au développement de la langue française dans leur région. En contrepartie, ils ont toujours souhaité et espéré voir s’installer durablement un bilinguisme collectif français-allemand. Cela ne s’est pas réalisé et n’est pas en voie de l’être. Rien d’étonnant à cela, lorsque que l’on sait que les conditions pour que vivent pleinement les langues régionales ne sont clairement pas réunies en France, notamment parce que l’on refuse à ces dernières l’existence sociale pleine et entière évoquée ci-dessus.
Ce n’est que contraints et forcés que les Alsaciens ont progressivement renoncé à leur langue première, la langue allemande (allemand standard et ses variantes dialectales alémaniques et franciques). Aucune population n’abandonne librement sa langue première. Il faut pour cela une bonne part de contrainte objective et subjective. Pour faire changer de langue à une population, il faut faire intervenir plusieurs facteurs : diminuer le nombre de locuteurs et les fonctions de la langue dominée, dévaluer sa fonction identitaire et obtenir la légitimation de cette politique. Le changement de langue peut se faire par rupture (d’une génération à l’autre) ou de façon continue (par un lent processus d’absorption). Le changement est d’autant plus rapide que les deux phénomènes s’additionnent. C’est notamment le cas en Alsace.
Quand la France ne réunit pas les conditions nécessaires à la survie des langues régionales, c’est tout simplement qu’elle la leur refuse au nom d’une certaine conception de la nation qui lui est propre, en comparaison avec celle d’autres nations qui l’environnent. En France, l’identité nationale s’est fondée essentiellement sur des données objectives de langue, d’histoire et de culture, c’est-à-dire sur celle d’un peuple unique qui donc n’a ou ne peut avoir d’autres langues, d’autres histoires ou d’autres cultures et que l’existence de groupes spécifiques de locuteurs[3] sur un espace donné se doit d’être niée.[4]
Quand aucun réel effort n’est entrepris par l’État pour faire vivre ou promouvoir la langue régionale d’Alsace il commet un linguicide. Par linguicide, nous entendons l’éradication planifiée et organisée de la langue régionale d’Alsace, à savoir de la langue allemande sous sa forme standard et ses variantes dialectales. Et même si ce linguicide n’a pas été extrêmement brutal, il n’en est pas moins un. Le résultat en est que la connaissance et la pratique de la langue régionale est au plus bas et que donc les Alsaciens n’ont pas pu tirer profit de la forte efficience sociale, culturelle et économique que confère un bilinguisme collectif, la France non plus d’ailleurs. Il s’agit-là, non seulement d’un énorme gâchis, mais d’une faute !
Nous, signataires du présent manifeste, demandons à l’État d’arrêter ce linguicide et de mettre en place une véritable politique de revitalisation et de restauration de la langue régionale d’Alsace.
Annexe
Déroulé du rejet de la germanophonie alsacienne et partant du bilinguisme collectif français-allemand (standard et dialectes)
À son entrée en Alsace en 1648[5], la France y rencontre une population non seulement hautement cultivée, mais de langue et de culture allemandes. La langue allemande y est en effet en usage à tous les niveaux de la société et l’Alsace participe pleinement à la culture allemande. Elle y a même apporté des contributions majeures.
Alors que dans d’autres pays du royaume, la monarchie s’était plutôt montrée arrangeante avec les langues qui y étaient en usage et avec la diversité culturelle, ce ne sera pas le cas en Alsace où l’élite n’est pas encore francisée ni de culture française, en tout cas pas uniquement, donc de culture étrangère au moment de l’annexion, de surcroit de celle de l’ennemi[6].
La France s’empresse non seulement d’introduire l’application de l’ordonnance de Villers-Cotterêts[7], mais dès 1685 le Conseil d’État prononce l’interdiction de la langue allemande « dans les Procédures, les Actes, Contrats et autres expéditions… à peine de nullité … et de 500 livres d’amende ». Si elle a le souci de rompre les liens institutionnels qui unissent les deux rives du Rhin, elle a aussi et surtout celui du changement de culture en faveur de la culture française[8].
Les pires menaces contre la langue et la culture allemandes apparaissent sous la Révolution au moment de la Terreur. Elles s’atténueront par la suite.
La mise en place du français dans les écoles primaires commence véritablement en 1833 en tant que matière, l’enseignement s’y poursuit comme de tout temps en allemand. En 1853, le français devient langue d’enseignement, l’allemand restant langue enseignée 35 minutes par jour.
Durant la période du Reichsland de 1871 à 1918, la langue allemande a été boostée, sans que la langue française ne soit éliminée pour autant. Les classes sociales qui l’utilisaient avant 1870 vont continuer à l’utiliser durant cette période au point que la synthèse entre la classe bourgeoise vieille-allemande[9] et l’alsacienne ne prendra pas vraiment. Une double culture s’installe et porte de beaux fruits. Dans les villages romanophones, langue française sera enseignée comme langue première et l’allemand comme langue seconde.
En 1920, l’allemand est banni des écoles de ces villages et dans le restant de l’Alsace, il est enseigné à raison de 3 heures hebdomadaires à partir de la 3ème année de l’école primaire. À partir de 1927, il le sera avec le même horaire à partir du 2ème semestre de la deuxième année. Il devient matière obligatoire au certificat d’études[10]. Cependant, dans une Instruction aux inspecteurs, le recteur Christian Pfister formule l’espoir que « … ceux-ci (les enfants) devenus grands parleront le français avec leurs enfants et correspondront avec eux en cette langue ».
En 1940, l’Alsace est annexée de fait au IIIe Reich. Le français est prohibé strictement. Cette annexion, en fait un Anschluss, va occasionner un véritable traumatisme qui amènera nombre d’Alsaciens à renier la part allemande de leur identité.
Ce phénomène psychosociologique a été accompagné en 1945 de lourds interdits linguistiques à l’encontre de la langue allemande standard. Ces interdits prononcés en 1945, interdits scolaires[11], interdits médiatiques[12] et interdits culturels constituèrent un tort immense fait à l’identité linguistique alsacienne et une violence psychologique faite aux Alsaciennes et aux Alsaciens.
Rien ne justifiait d’orienter les choses différemment de ce qu’elles étaient avant 1940[13], sinon la volonté inavouée de poser les jalons pour un alignement sur le monolinguisme[14] déjà bien installé ailleurs en France et de mettre fin à une exception alsacienne.
Malgré de louables mesures prises depuis 1972[15] en faveur de la langue régionale d’Alsace, celles-ci ont été bien insuffisantes pour gagner en locuteurs et redresser la barre. Il a manqué : – en premier lieu une approche de valorisation du bilinguisme et un discours de positivation par rapport au refoulement installé depuis 1945 ;
– un débat qui aurait permis un travail collectif sur l’identité alsacienne ;
– un enseignement généralisé de la langue, tant standard que dialectale, de l’histoire politique, linguistique et culturelle de l’Alsace ;
– une véritable présence dans les médias publics.
Pour finir, il a manqué une reconnaissance[16] et une pratique officielles[17] de la langue qui auraient entraîné une modification profonde de la relation entretenue par ses utilisateurs avec elle.
Il est communément admis que déjà pour survivre dans un espace donné une langue doit y bénéficier d’une existence sociale, c’est-à-dire scolaire, médiatique, culturelle, administrative, économique, cultuelle… à hauteur de 30 % d’emploi. Ce palier constitue le niveau de bilinguisme collectif nécessaire pour que la langue régionale perdure et est la base nécessaire à un développement plus large dans le futur, des fondations en quelque sorte.
Nous en sommes très loin en Alsace. Aussi, nous trouvons-nous aujourd’hui sur un véritable champ de ruines linguistiques et culturelles. Les jacobins sont-ils condamnés à gagner toujours ? Reconnaître le tort fait, c’est commencer à le réparer. Connaître le tort et ne pas vouloir le réparer, c’est persister.
Pierre Klein
Manifest gegen den Linguizid an der elsässischen Regionalsprache [18]
Weltweit werden etwa 7000 Sprachen gesprochen. 2500 von ihnen sind vom Aussterben bedroht[19]. Es verschwinden diejenigen, die nicht über eine umfassende soziale Existenz verfügen, die ihnen Wert und Würde verleiht, d. h. eine schulische, mediale, administrative, kulturelle, wirtschaftliche oder auch kultische Existenz.
Wenn man einer Sprache keine soziale Existenz zugesteht, verurteilt man sie dazu, erst dahinzuvegetieren und dann zu sterben. Und wenn eine Sprache stirbt, stirbt mit ihr auch die Kultur, die sie erst mit Leben erfüllte, d. h. eine bestimmte Wahrnehmungsweise und ein bestimmtes Deutungsmuster der Welt und des Lebens, der Menschen wie auch der gegenständlichen Dinge. Mit den Worten des Philosophen Michel Serres: „Ein Volk, das seine Sprache verliert, verliert seine Kultur; ein Volk, das seine Kultur verliert, verliert seine Identität; ein Volk, das seine Identität verliert, existiert nicht mehr“.
Die Elsässer haben sich, seit das Elsass Französisch ist, in ihrer überwiegenden Mehrheit nicht gegen die wachsende Bedeutung der französischen Sprache in ihrer Region gewehrt. Ganz im Gegenteil haben sie immer gewünscht und gehofft, dass sich eine kollektive deutsch- französische Zweisprachigkeit dauerhaft etabliert. Diese Hoffnung hat sich nicht erfüllt und ist auch nicht im Begriff, sich zu erfüllen. Das ist alles andere als verwunderlich, wenn man bedenkt, dass die Voraussetzungen für ein freies und ungehindertes Leben der Regionalsprachen in Frankreich eindeutig nicht gegeben sind, insbesondere weil ihnen die bereits erwähnte umfassende soziale Existenz verweigert wird.
Nur unter äußerem Zwang haben die Elsässer nach und nach ihre Erstsprache, die deutsche Sprache (Standarddeutsch und alemannische und fränkische Dialektvarianten), aufgegeben. Keine Bevölkerung gibt ihre Erstsprache aus freiem Willen auf. Dazu bedarf es eines großen Einsatzes von objektivem und subjektivem Zwang. Um eine Bevölkerung zur Preisgabe ihrer Sprache bewegen zu können, müssen mehrere Faktoren zusammenkwirken: man muß die Anzahl der Sprecher und die Funktionen der zu verdrängenden Sprache verringern, ihre identitätsstiftende Funktion entwerten und dieser Politik eine Legitimationsbasis verschaffen. Der Sprachwechsel kann durch einen abrupten Bruch (von einer Generation zur nächsten) oder schleichend sukzessiv (durch einen langsamen Absorptionsprozess) erfolgen. Der Wandel vollzieht sich umso schneller, je mehr sich die beiden Phänomene addieren. Dies ist insbesondere im Elsass der Fall.
Wenn in Frankreich die Voraussetzungen für ein Überleben der Regionalsprachen nicht gegeben sind, liegt das ganz einfach daran, dass ihnen dieses Überleben im Namen einer bestimmten Auffassung von Nation verweigert wird, durch die sich Frankreich von seinen Nachbarländern deutlich unterscheidet. In Frankreich basiert die nationale Identität im Wesentlichen auf zentralistisch-landeseinheitlichen Entwicklungen, durch die die Sprache, die Geschichte und die Kultur eine eher homogene bzw. uniforme Ausprägung angenommen haben. Die nationale Identität beruht so auf der Vorstellung eines einheitlichen Staatsvolkes, in der für anderen Sprachen, ein plural-offenes Geschichtsverständnis, externe Kultureinflüsse und die Existenz spezifischer Sprechergruppen[20] so gut wie keine Freiräume bleiben [21].
Wenn der Staat keine wirklichen Anstrengungen unternimmt, um die Regionalsprache des Elsass am Leben zu erhalten oder zu fördern, begeht er einen Linguizid. Unter Linguizid verstehen wir die geplante und organisierte Auslöschung der Regionalsprache des Elsass, d.h. der deutschen Sprache in ihrer Standardform und ihren Dialektvarianten. Und auch wenn dieser Linguizid nicht extrem brutal umgesetzt wurde, so ist er dennoch einer. Das Ergebnis ist, dass die Kenntnis und der Gebrauch der Regionalsprache auf einem Tiefpunkt angelangt sind und die Elsässer somit nicht von der hohen sozialen, kulturellen und wirtschaftlichen Effizienz profitieren konnten, die eine kollektive Zweisprachigkeit mit sich bringt, übrigens auch Frankreich nicht. Es handelt sich hierbei nicht nur um eine enormen Verlust, sondern auch um eine Schuld!
Wir, die Unterzeichner des vorliegenden Manifests, fordern den Staat auf, diesem Linguizid ein Ende zu setzen und stattdessen eine überzeugende und nachhaltige Politik zur Wiederbelebung und Wiederherstellung der elsässischen Regionalsprache zu betreiben.
Anhang
Historischer Verlauf der Beseitigung der elsässischen Deutschsprachigkeit und damit der kollektiven französisch-deutschen Zweisprachigkeit (Standard und Dialekt)
Bei seiner Inbesitznahme des Elsass im Jahre 1648[22] traf Frankreich dort auf eine hochgebildete Bevölkerung, die durch die deutsche Sprache und Kultur bestimmt war. Die deutsche Sprache wurde in der Tat auf allen Ebenen der Gesellschaft gesprochen und das Elsass nahm voll und ganz an der deutschen Kultur teil. Es hat sogar herausragende Beiträge zu deren Entwicklung geleistet.
Während die Monarchie sich in anderen Ländern des Königreichs eher entgegenkommend gegenüber den dort gebräuchlichen Sprachen und der vorhandenen kulturellen Vielfalt gezeigt hatte, war dies im Elsass nicht der Fall. Hier war die Elite noch nicht französisiert, sie war somit auch nicht in der französischen Kultur verwurzelt, vielmehr gehörte sie zum Zeitpunkt der Annexion einer fremden Kultur an, noch dazu derjenigen des Feindes[23].
Frankreich beeilte sich nicht nur, die Anwendung der Verordnung von Villers-Cotterêts[24] einzuführen, sondern bereits 1685 verkündete der Staatsrat ein Verbot der deutschen Sprache „in Verfahren, Urkunden, Verträgen und sonstigen Ausfertigungen … bei Strafe der Nichtigkeit … und von 500 Livres Geldbuße“. Auch wenn es Frankreich seitdem darum geht, die institutionellen Bande zwischen den beiden Rheinufern zu zerreißen, geht es auch und vor allem darum, im Elsass einen Kulturwandel zugunsten der französischen Kultur herbeizuführen[25].
Die gravierensten Bedrohungen für die deutsche Sprache und Kultur manifestierten sich während der Revolution zur Zeit der Schreckensherrschaft. In der Folgezeit wurden sie abgeschwächt.
Die Einführung des Französischen als Sprachfach in den Grundschulen erfolgte 1833, allerdings blieb Deutsch wie zuvor auch weiterhin Unterrichtssprache. Im Jahr 1853 wurde dann Französisch zur durchgängigen Unterrichtssprache, während Deutsch fortan nur noch 35 Minuten pro Tag unterrichtet wurde.
Während der Zeit des Reichslandes von 1871 bis 1918 wurde die deutsche Sprache stark gefördert, ohne dass die französische Sprache dabei verdrängt wurde. Die sozialen Schichten, die sie bereits vor 1870 gesprochen hatten, verwendeten sie auch in dieser zeitlichen Periode weiter, so dass die Synthese zwischen der « altdeutschen »[26] und der frankophonen elsässischen „Bourgeoisie“ nicht wirklich gelang. Es etablierte sich eine Doppelkultur und diese brachte schöne Früchte hervor. In den romanischsprachigen Dörfern wird Französisch als Erstsprache und Deutsch als Zweitsprache unterrichtet.
1920 wurde Deutsch aus den Schulen dieser Dörfer verbannt und im restlichen Elsass wurde es ab der dritten Klasse der Grundschule mit drei Wochenstunden unterrichtet. Ab 1927 wurde es mit der gleichen Stundenzahl ab dem zweiten Halbjahr der zweiten Klasse unterrichtet. Im „Certificat d’études“[27] wurde es zum Pflichtfach. In einer Instruktion an die Inspektoren äußerte der Rektor Christian Pfister jedoch die Hoffnung, dass „… diese (die Kinder), wenn sie groß geworden sind, mit ihren Kindern Französisch sprechen und mit ihnen in dieser Sprache kommunizieren werden“.
1940 wurde das Elsass de facto dem Dritten Reich angegliedert. Die französische Sprache wurde strengstens verboten. Diese Annexion, faktisch ein Anschluss, bewirkte ein echtes Trauma, das viele Elsässer veranlasste, nun den deutschen Teil ihrer Identität zu verleugnen.
Dieses sozialpsychologische Phänomen wurde 1945 von schwerwiegenden Sprachverboten gegen die deutsche Standardsprache begleitet. Diese 1945 ausgesprochenen Verbote – Verbote in den Schulen[28], den Medien[29] und im Kultursektor – bewirkten einen immensen Schaden für die sprachliche elsässische Identität und stellten einen psychologischen Gewaltakt dar, der den Elsässerinnen und Elsässern auferlegt wurde.
Es gab keine Rechtfertigung dafür, die Dinge anders auszurichten als vor 1940[30], außer dem uneingestandenen Willen, die Voraussetzungen für eine Angleichung an die Einsprachigkeit[31] zu etablieren, die anderswo in Frankreich bereits fester Bestand war, um so einer elsässischen Ausnahme ein für allemal ein Ende zu setzen.
Trotz lobenswerter Maßnahmen, die seit 1972[32] zugunsten der elsässischen Regionalsprache ergriffen wurden, reichten diese bei weitem nicht aus, um mehr Sprecher zu gewinnen und das Ruder herumzureißen. Es fehlte:
– in erster Linie ein Bemühen zur Aufwertung der Zweisprachigkeit und ein offener und konstruktiver Diskurs über die seit 1945 praktizierte Verdrängung;
– eine Debatte, die eine kollektive Stärkung der elsässischen Identität gefördert hätte ;
– ein allgemeinverbindlicher Unterricht der Sprache, sowohl der Standardsprache als auch des Dialekt, sowie der politischen, sprachlichen und kulturellen Geschichte des Elsass ;
– eine veritable Präsenz in den öffentlichen Medien.
Schließlich fehlte es auch an einer öffentlichen Anerkennung[33] und Praxis der Sprache[34], die deren Stärkung und Wertschätzung unterstützt hätte, auf die ihre Benutzer angewiesen sind.
Es ist gemeinhin anerkannt, dass eine Sprache, die in einem bestimmten Raum überleben will, dort über eine soziale Existenz verfügen muss, d. h. in den Bereichen Schule, Medien, Kultur, Verwaltung, Wirtschaft, Kultur usw., und zwar mit einem Verwendungsanteil von 30 %. Diese Richtzahl sichert das Niveau der kollektiven Zweisprachigkeit, das für das Fortbestehen der Regionalsprache erforderlich ist. Sie bildet die notwendige Grundlage für eine breitere Entwicklung in der Zukunft, sie ist gewissermaßen deren Fundament.
Davon sind wir im Elsass sehr weit entfernt. Daher befinden wir uns heute auf einem veritablen linguistischen und kulturellen Trümmerfeld. Sind die Jakobiner dazu prädestiniert, immer zu gewinnen? Das geschehene Unrecht zu erkennen, bedeutet, mit der Wiedergutmachung zu beginnen. Das Unrecht zu kennen und es nicht wiedergutmachen zu wollen, bedeutet, es fortzuschreiben zu wollen.
Pierre Klein
[1] À savoir la langue allemande sous sa forme standard et ses variantes dialectales alémaniques et franciques. De notre point de vue, ce que nous disons au sujet de l’Alsace quant au linguicide, vaut aussi pour la Moselle.
[2] Selon l’UNESCO.
[3] Cf. Décision du CC n° 99-412 DC du 15 juin 1999.
[4] C’est la conception jacobine, quasi ethnique de la nation, née de la centralisation monarchique et du raidissement révolutionnaire et qui s’inscrit en faux contre le très européen principe d’union dans la diversité qui notamment « interdit » à la France de ratifier la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Encore une particularité française.
[5] Une conquête du roi en Allemagne (Traités de Westphalie).
[6] D’ailleurs, et probablement pour les mêmes raisons, il n’y en avait pas non plus à ce moment-là dans les Flandres et le Roussillon, ni plus tard en Corse et dans le comté de Nice … où, comme en Alsace, l’élite n’était pas encore francisée au moment de l’annexion et n’appartenait pas à la culture française.
[7] C’est-à-dire l’usage du français en matière juridique, étendu par la suite à l’administration.
[8] « Comme il est de conséquence d’accoutumer les peuples des pays cédés au roi par le traité de Munster à nos mœurs et à nos coutumes, il n’y a rien qui puisse y contribuer davantage qu’en faisant en sorte que les enfants apprennent la langue française… » (Colbert Charles, marquis de Croissy, 1666).
[9] Vieux-allemands, c’est ainsi que l’on appellera les Allemands de l’autre rive installés en Alsace.
[10] À noter que l’enseignement religieux se fait en allemand (4 heures/semaine).
[11] Arrêté rectoral de 1945 supprimant –provisoirement- l’enseignement de l’allemand. Il est donc mis fin à la réglementation de 1927. En même temps les cours de religion doivent être faits en français.
[12] Ordonnance du 13 septembre 1945.
[13] Ce que confirmait en mai 1947 le Conseil général du Bas-Rhin qui demandait la réintroduction d’un enseignement de l’allemand dans les écoles primaires d’Alsace avec retour au règlement en vigueur en 1939 (notamment enseignement obligatoire et épreuve obligatoire au certificat de fin d’études).
[14] L’objectif de ces interdits était de toute évidence de mettre fin à terme rapproché à une exception alsacienne où la langue française ne bénéficiait pas avant 1940 du monopole linguistique et culturel en cours dans le reste du pays, et aussi à un accès à une autre grande langue et à une autre grande culture que la française, à savoir l’allemande. Une fois cela accompli, le standard allemand devait apparaître aux yeux des Alsaciens comme une langue étrangère et la culture allemande comme une terra incognita. Dans ce schéma les dialectes d’Alsace, une fois découplés de la langue et de la culture desquelles ils participaient étaient condamnés à un appauvrissement d’abord qualitatif puis quantitatif et à une « patoitisation » et donc l’inutilité et enfin à l’inutilisation.
[15] Notamment à l’école avec à cette date l’introduction de la méthode Holderith, puis avec les préconisations des circulaires Deyon de 1982 et 1985.
[16] Par une loi qui consacrerait une co-officialité avec la langue française pour tout ce qui concerne l’existence sociale évoquée ci-dessus.
[17] Un emploi discursif par la classe politique et dirigeante en général.
[18] D.h. die deutsche Sprache in ihrer Standardform und ihren alemannischen und fränkischen Dialektvarianten. Aus unserer Sicht gilt das, was wir über das Elsass in Bezug auf den Sprachenmord sagen, auch für das Departement Moselle.
[19] Nach Angaben der UNESCO.
[20] Vgl. Entscheidung des CC Nr. 99-412 DC vom 15. Juni 1999.
[21] Dies ist die quasi-ethnische jakobinische Auffassung der Nation, die aus der monarchischen Zentralisierung und deren Verschärfung durch die Revolution resultiert, die jedoch gegen das dezidiert europäische Prinzip der « Einheit in der Vielfalt » verstößt. Dieses Verständnis von Nation „verbietet“ es bislang Frankreich geradezu, die Europäische Charta der Regional- oder Minderheitensprachen zu ratifizieren. Auch dies ist eine französische Singularität.
[22] Eine Eroberung des Königs in Deutschland (Westfälische Frieden).
[23] Übrigens und wahrscheinlich aus denselben Gründen zu diesem Zeitpunkt auch nicht in Flandern und im Roussillon und später auch nicht in Korsika und der Grafschaft Nizza … wo wie im Elsass die Elite zum Zeitpunkt der Annexion noch nicht französisiert war und auch nicht der französischen Kultur angehörte.
[24] D. h. die Verwendung der französischen Sprache in Rechtsangelegenheiten, die erst später auf die Verwaltung ausgeweitet wurde.
[25] „Da es folgerichtig ist, die Bevölkerung der Länder, die dem König durch den Vertrag von Münster abgetreten wurden, an unsere Sitten und Gebräuche zu gewöhnen, gibt es nichts, was mehr dazu beitragen kann, als dass die Kinder die französische Sprache lernen…“. (Colbert Charles, Marquis de Croissy, 1666).
[26] Altdeutsche, so wurden die im Elsass vom anderen Ufer angesiedelten Deutschen genannt.
[27] Zu beachten ist, dass der Religionsunterricht auf Deutsch stattfand (4 Stunden pro Woche).
[28] Rektoraler Erlass von 1945, mit dem der Deutschunterricht -vorläufig- abgeschafft wurde. Damit wurde die Regelung von 1927 aufgehoben. Gleichzeitig mußte der Religionsunterricht auf Französisch erteilt werden.
[29] Verordnung vom 13. September 1945.
[30] Dies wurde im Mai 1947 vom Generalrat des Bas-Rhin bestätigt, der die Wiedereinführung des Deutschunterrichts in den elsässischen Grundschulen mit der Rückkehr zu der 1939 geltenden Regelung (insbesondere Unterrichtspflicht und Pflichtprüfung im Abschlusszeugnis) forderte.
[31] Das Ziel dieser Verbote bestand offensichtlich darin, in absehbarer Zeit eine elsässische Ausnahme zu beseitigen, aufgrund der die französische Sprache vor 1940 nicht die sprachliche und kulturelle Monopolstellung genoss, über die sie im Rest des Landes verfügte. Diese Ausnahme ermöglichte den Elsässern auch den Zugang zu einer anderen großen Sprache und Kultur neben der französischen, nämlich der deutschen. Sobald das Ziel der Sprachverdrängung erreicht war, sollte die deutsche Standardsprache in der Wahrnehmung der Elsässer als eine Fremdsprache und die deutsche Kultur als eine terra incognita erscheinen. In diesem Schema waren die elsässischen Dialekte, sobald sie von der Sprache und der Kultur, an denen sie teilhatten, sukzessiv abgekoppelt wurden, dazu verurteilt, zunächst qualitativ und sodann quantitativ zu verarmen. Daraus resultierte eine „Patoisierung“, die wiederum eine allgemeine Nutzlosigkeit und somit auch eine Ungebräuchlichkeit zr Folge hatte.
[32] Vor allem in der Schule mit der Einführung der Holderith-Methode zu diesem Zeitpunkt und dann später mit den Empfehlungen der Deyon-Rundschreiben von 1982 und 1985.
[33] Durch ein Gesetz, das eine Ko-Offizialität mit der französischen Sprache für alles, was die oben erwähnte soziale Existenz betrifft, festschreiben würde.
[34] Eine diskursive Verwendung durch die politische und meinungsbildende Elite im Allgemeinen.