» Je veux que cesse la chasse au « boche » car le « boche » auquel on fait la chasse, c’est moi et non pas celui qui habite de l’autre-côté du Rhin. Je veux dire mon sentiment en toute franchise: je veux demeurer attaché à des lois et à des organisations qui sont meilleures que les lois et organisations correspondantes en France. Je veux recevoir des lettres d’Allemagne sans être regardé de travers; des milliers de famille en Alsace ont des parents et des amis de l’autre côté du Rhin. Je ne veux pas que l’Alsace devienne une « réserve » de haine contre l’Allemagne et la France. On veut nous assimiler de force, ce qui ne signifie pas autre chose qu’annihiler notre individu. On avait parlé d’abord d’une génération qui devait être sacrifiée; aujourd’hui, on parle de deux ou trois générations et les discours de ceux qui tiennent ces propos sont gonflés d’une assurance qui ne se fonde pas sur le génie de la nation mais sur le zèle des policiers ».
René Schickele in Revue des Vivants