Communiqué
Commission du droit local : la classe politique alsacienne renverse la table[1].
Que l’État propose, après une longue période d’inaction, la création d’une nouvelle commission du droit local, après que le sénateur Reichardt eut proposé que les élus d’Alsace prennent eux-mêmes l’initiative de la création d’un conseil consultatif du droit local, démontre à l’envi qu’en forçant les choses, on peut faire réagir l’État. Mais ce n’est pas tout. La constitution de la commission ne leur convenant pas, treize Parlementaires alsaciens annoncent la création d’un conseil consultatif parallèle à la commission.
Eh bien, voilà que la classe politique alsacienne renverse la table.
Enfin, est-on tenté de dire. Depuis 1945, en raison de lourdes pesanteurs historiques, la société alsacienne est caractérisée par une certaine incapacité à s’affirmer et à entrer en rupture, et par un certain fatalisme. Un vrai habitus alsacien ! En conséquence, elle n’a plus fait émerger une classe politique prompte à percer le plafond de verre et à aller jusqu’au conflit pour défendre l’essentiel et en retour, cette classe politique n’a plus diffusé dans la société l’idée de bouleversement du statu quo. Autrement dit, la classe politique est à l’image de la société et réciproquement.
Les choses sont-elles en train de changer ? C’est à espérer, d’autant plus que l’État semble ne pas vouloir évoluer dans son mode de gouvernance. Dans un pays qui n’est pas connu pour avoir une grande culture politique de la négociation, un pays où les différentes institutions se tendraient la main et conduiraient des débats rationnels afin de parvenir à un bon compromis, l’entrée en rupture s’impose trop souvent comme une nécessité, voire comme une quasi-procédure de gouvernance en contrepartie de celle de la verticalité.
Longtemps, trop longtemps, les Alsaciens n’avaient pas compris ces choses, ou s’ils l’avaient, ils n’osaient pas. Certes, cela ne doit pas être la règle, mais quand il le faut, alors il faut affirmer haut et fort ses revendications et si l’État central ne réagit pas, faire les choses de soi-même, en vertu du très démocratique principe qui veut que ce qui n’est pas expressément interdit, soit autorisé. L’Alsace est de retour !!!
Pierre Klein, président
[1] (cf. article du 9-12-2021 DNA-L’ALSACE : Alsace-Moselle : le retour de la commission du droit local)