Depuis plusieurs semaines, l’ICA adresse un questionnaire aux candidats aux élections législatives. Les questions posées, qui touchent à la réforme territoriale, à la langue et à l’identité régionales, sont les suivantes :
1-Êtes-vous pour que l’Alsace retrouve une Institution politique propre ?
2-Engagerez-vous les démarches parlementaires à cette fin ou vous y joindrez-vous ?
3-Êtes-vous pour la création d’un Conseil d’Alsace regroupant les compétences des deux Conseils départementaux alsaciens et ceux de la Région ?
4-Pensez-vous qu’une Institution politique propre à l’Alsace doit disposer de pouvoirs et de moyens accrus ?
5-Une Institution politique propre à l’Alsace devrait pouvoir assurer en particulier la gestion de tout ce qui concerne la langue et la culture régionales ?
6-Êtes-vous favorable à la ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires et/ou à une loi qui en adopte les principes ?
7-Êtes-vous favorable à un enseignement à la population scolaire alsacienne de l’histoire et de la culture d’Alsace ?
REPONSES
Ont à ce jour répondu par oui, sauf rare exception[1], à toutes les questions :
- les candidats LR et/ou UDI : Becht Olivier, Cattin Jacques, Furst Laurent, Hillmeyer Francis, Jurdant-Pfeiffer Pascale, Rohfritsch Sophie, Schuler Georges, Schellenberger Raphaël, Hetzel Patrick, Reiss Frédéric, Straumann Eric, Reitzer Jean-Luc (avec quelques remarques). Également Maurer Jean-Philippe qui se revendique de la droite et du centre.
- les Candidats UL : Duss David, Hartmann Gaby, Hervault Sabine, Hoog Nadia, Keck Morgane, Loewert Daniel, Lorber Jean-Marie, Spinner Alexandre, Ott Hervé, Plaisant Jeanine, Roth Laurent, Simler Gérard, Munchenbach Andrée.
- les candidats d’EELV : Lombard Sandrine, Dreyfus Laurent, Palmier Nathalie.
- les candidats FN : Di-Leonardo Katia, Janus Gérard, Ritz Christelle.
- le candidat MODEM : Salomon Guy.
- La candidate FI : Millet Christelle.
- Les candidats SE : Jester Jean, Laybourn Yves, Schalk Gilbert, Reys Caroline.
- La candidate ADA : Dahmane Catherine.
- Les candidats LREM : De Santis Antoinette et Sylvain Waserman (les deux avec des remarques).
Voir les remarques ci-dessous.
[1] Toutes les réponses reçues sont positives, sauf quatre qui expriment des NON : Duss David et Roth Laurent qui répondent NON à la question 3 ; Millet Christelle, NON à la question 3, Duffau Philippe, NON aux questions 3,4,5 et 6. Laybourn Yves ne répond pas à la question 7.
Beaucoup de candidats sollicités n’ont pas répondu. D’autres l’ont fait, mais sous forme de prose difficile à conclure par oui ou non.
Remarques :
- Laurent ROTH, Unser Land – 6e circonscription du Haut-Rhin, David Duss également UL se joint à ces remarques » j’ai pris connaissance du tableau qui regroupe les différentes réponses des candidats à votre questionnaire.. Je trouve regrettable qu’une réponse NON soit d’office marquée d’un gros carton rouge tandis qu’une oui se contente d’une croix sur un fond blanc. Pour passer entre les mailles du filet, il faudrait donc jouer au béni-oui-oui et ce n’est pas mon cas, même si je suis personnellement favorable à la plupart – sinon tous – des points relevés. En effet, sur la question de la fusion des compétences entre départements et région, je souhaite apporter un éclaircissement. La binarité de votre questionnaire, se limitant à une réponse OUI ou NON, ne permet pas d’élargir le débat comme je le souhaiterais. Premièrement, la circonscription sur laquelle je me présente a majoritairement voté NON à cette question en 2013. D’autres candidats de ma circonscription, député sortant compris, ne tiennent visiblement pas compte de la décision citoyenne. Deuxièmement, j’ai défendu le OUI en 2013 et ai voté en ce sens. L’échec de la consultation, au-delà de la déception, m’a poussé à m’intéresser aux raisons de ce non. J’ai rencontré de nombreuses personnes depuis, et pour les Haut-Rhinois il apparaît que la volonté de regrouper l’ensemble des institutions à Strasbourg a été rédhibitoire. Nous défendons l’autonomie et le fédéralisme : ce n’est pas pour faire du centralisme à l’Alsacienne !D’autre part, supprimer le département pour transférer ses compétences à l’échelon supérieur constitue une perte de proximité, ce qui a là aussi été sanctionné par les communes rurales. En conclusion, le département apparaît aujourd’hui comme un échelon archaïque. Toutefois, à l’heure de la mondialisation, nos concitoyens ont besoin d’institutions de proximité. Le conseil territorial d’Alsace en serait la locomotive, mais sa réussite ne sera conditionnée qu’à la mise en place d’institutions cohérentes en dessous. Unser Land défend le schéma Communes – Pays – Région. Par la suppression des départements, les compétences et les financements seraient transférés à la Région (collectivité territoriale), mais aussi aux Pays. Ainsi une partie des compétences se rapprocheraient du citoyen, selon des critères à négocier en temps voulus. C’est ce schéma dont je suis convaincu et que je défends, et ne me reconnaissant pas dans la formulation de votre question qui prête à penser que TOUTES les compétences du département reviennent à la région, j’ai été contraint d’y répondre NON. J’espère que mon éclaircissement permettra de mieux comprendre ce choix.En vous remerciant pour cette consultation et en espérant vous revoir très bientôt pour pouvoir en rediscuter ! Amitiés «
- Jean-Marie Brom de France Insoumise (FI) « « Monsieur le Président, Je ne répondrais pas à votre questionnaire, que je pense bien trop manichéen pour qu’il puisse y être répondu simplement par oui ou par non… Cela demande un peu plus de développement et de réflexion, entre appel à l’autonomisme et jacobinisme à outrance… La France Insoumise ne fait pas de clientélisme… Pensez-vous qu’il faille tenir compte du désir des Alsaciens de retrouver une institution politique propre à l’Alsace et engagerez-vous ou accompagnerez-vous les démarches parlementaires nécessaires ? L’institution propre à l’Alsace pourrait consister à recréer l’ancien Conseil régional d’Alsace, mais il faudrait profiter de l’occasion pour relancer le Conseil d’Alsace, conseil qui par exemple fédérerait en son sein les différentes collectivités et les différentes sensibilités politiques.
- REPONSE : Le résultat du référendum sur le Conseil d’Alsace en 2013, quelle que soit la manière dont il a été organisé, a été clair, et je ne comprends pas sur quelle base (à part les sondages de 2013) vous pouvez parler du « désir des Alsaciens ». En « recréant l’ancien Conseil Régional d’Alsace », vous mettez en cause la nouvelle définition des régions telle que l’a voulu François Hollande (se basant sur les travaux de la commission Balladur). Ce que je peux comprendre, et même partager. En voulant « profiter de l’occasion » pour « relancer le Conseil d’Alsace », en donnant quelques exemples de prérogatives, vous arrivez précisément à ce qui a causé l’échec du référendum : créer un Conseil d’Alsace en repoussant à plus tard la définition de ses prérogatives… Finalement, que demandez-vous ? Que l’on supprime les départements ? D’accord avec vous. Et depuis longtemps. Je ne reviendrais pas sur les raisons qui militent en ce sens… Que l’on revienne sur la définition des régions ? D’accord avec vous. La « nouvelle régionalisation », dès lors que l’on ne supprime pas les départements, se résume à une plus grande mainmise de l’Etat centralisateur. Mais tout ceci ne peut se concevoir dans le seul cadre de l’Alsace. Il s’agit bien plus d’un problème national, qui ne peut se résoudre que nationalement… Voulez- vous des statuts spécifiques pour chaque région française, en ne basant la définition de « région » que par une identité linguistique, comme vous me semblez le faire ?? 2 – Qu’il s’agisse du retour pur et simple à l’ancien Conseil régional ou de la création d’un Conseil d’Alsace obtenu par la loi, souhaitez-vous que celle-ci intègre des pouvoirs et des moyens nouveaux pour la région en vertu du droit à l’expérimentation ?REPONSE : Ce sera la même réponse que précédemment. Commencez donc par être explicites : quels « pouvoirs et moyens nouveaux » ? Je ne suis en tout cas pas d’accord pour répondre positivement à une question aussi floue. Et je considère que les autres candidats qui y ont répondu ne font preuve que du clientélisme le plus primaire… 3- En matière de langue et de culture régionales agirez-vous pour que la France ratifie enfin la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires et/ou pour qu’elle finalise une loi qui en adopte les principes ? REPONSE : Enfin une question claire. La réponse est oui. Et je rappellerai que la France a signé cette charte dès 1999, mais ne l’a jamais ratifiée. 4 – S’agissant de la culture et de l’identité alsaciennes, pensez-vous qu’il serait utile de faire bénéficier la population scolaire alsacienne d’un enseignement de l’histoire et de la culture d’Alsace ?REPONSE : Encore une fois, il me semble s’agit ici d’une question relevant plus d’un appel au clientélisme que d’autre chose : – Voulez- vous que cet enseignement soit exclusif de l’enseignement de l’histoire en général? Alors NON. – Qu’entendez-vous par « Histoire de l’Alsace » ? Trop souvent, l’on considère que cette histoire commence avec l’annexion de 1870… Soyez donc clairs. Et quelle histoire d’Alsace, entre un Sundgau et la région Mulhousienne tournée plus vers la Suisse et le Nord de l’Alsace plus tourné vers le Saint Empire Germanique ? Comment voudrez-vous traiter les guerres entre l’Evêque de Strasbourg et la bourgeoise locale ? Que ferez-vous du massacre de la Saint Valentin de 1349 ? De l’annexion de 1870 ?
– Qu’entendez-vous par « Culture d’Alsace » ? Comment la définiriez –vous ? Dans l’ensemble de votre questionnaire, il me semble que vous réduisez cette culture à un problème d’abord linguistique…
– Seriez-vous d’accord pour que chaque région française en fasse de même, et mette en avant sa propre histoire, et sa propre culture, pour autant que l’on soit capable de les définir ?
– Et enfin, qu’appelez-vous population scolaire alsacienne ? L’Alsace a toujours été une terre d’immigration et d’émigration, que ferez-vous de l’histoire de chacun, de chaque « collectivité » particulière, et pourtant quoi font l’Alsace. Appelez-vous à l’assimilation, chère à Nicolas Sarkozy ?
Alsacien de longue date, et pourtant provenant probablement de Suisse, de la Forêt Noire, et de vallée vosgienne, que suis-je ? Avec un grand’père député au Reichland en 1911, puis homme politique français, quelle histoire est la mienne ? Quelle culture sera la mienne ? J’aurais aimé que votre question soit plus claire…
- Caroline Reys sans étiquette « suite à votre proposition, je vous prie de trouver le détail de mes positions concernant les questions posées. Je n’ai pas voulu répondre en ligne, mes réponses étant plus nuancées que les propositions du formulaire. Je ne suis engagée dans aucun mouvement régionaliste, ce qui n’amoindrit en rien mon attachement à la culture alsacienne si riche et si diverse. Je pense même être la seule candidate aux Législatives titulaire d’un DU de Langue et Culture Régionales (Diplôme Universitaire obtenu à Strasbourg en 1994, ça ne date pas d’hier !…). J’ai enseigné avec passion l’option LCR dans les collèges alsaciens, de Wissembourg à Ribeauvillé. Après avoir longtemps fréquenté le CREDICA de Richard Schneider, (Centre de Recherche et d’Expression de l’Identité Culturelle de l’Alsace) , je suis à présent investie comme danseuse dans le groupe folklorique du Haut-Koenigsbourg à Sélestat. Sur le plan politique, j’ai activement milité en faveur de la Collectivité Unique en 2013, et je regrette amèrement l’échec de cette campagne. Si je suis élue députée, je travaillerai activement à rendre possible une fusion régionale (67 + 68, ou Alsace-Moselle). Ces éléments devraient vous convaincre que mon engagement n’est pas un intérêt de façade. J’espère que les électeurs en seront convaincus également ! Bien cordialement,
- Réponse de Jean-Luc ReitzerRéponse à la 6ème question : en fonction du contenu exact et la levée d’un certain flou concernant notamment la fonction publique
- Reponse de Madame De Santis AntoinetteÊtes-vous pour que l’Alsace retrouve une Institution politique propre ?>On est pour engager un référendum et consulter les Alsaciens sur leur destin.Engagerez-vous les démarches parlementaires à cette fin ou vous y joindrez-vous ?>Dans le cadre d’un référendum, oui. Êtes-vous pour la création d’un Conseil d’Alsace regroupant les compétences des deux Conseils départementaux alsaciens et ceux de la Région ?>Oui avec réduction des parlementaires départementaux.Êtes-vous favorable à un enseignement à la population scolaire alsacienne de l’histoire et de la culture d’Alsace ?>Non, il nous semble fondamentale qu’il y ait transmission de l’histoire et d’une culture mais celle-ci ne peut pas se faire actuellement dans un cadre du « savoir » mais développer et soutenir les associations ou initiatives qui dans les universités populaires par exemple. Pour enseigner une histoire, il faut des recherches, des débats contradictoires et pas uniquement une lecture autonomiste ou niant le fait « occupationniste » des armées Françaises ou Allemandes à la sortie des guerres. On doit donner une impulsion pour l’ouverture d’un vrai débat transparent autour de l’histoire de l’Alsace.
- Reponse de M. Sylvain WASSERMANN1. Êtes-vous pour que l’Alsace retrouve une Institution politique propre ?
Cette question doit être tranchée par les citoyens des territoires concernés et non à Paris comme a pu
l’être la fusion des régions.
2. Engagerez-vous les démarches parlementaires à cette fin ou vous y joindrez-vous ?
Selon les remontées des assises citoyennes je m’engage à porter les demandes et les idées des
concitoyens de la deuxième circonscription de Strasbourg au sein de l’Assemblée Nationale.
3. Êtes-vous pour la création d’un Conseil d’Alsace regroupant les compétences des deux
Conseils départementaux alsaciens et ceux de la Région ?
Une telle évolution doit être en accord avec les demandes de nos concitoyens. C’est vraiment l’esprit
que nous comptons donner à notre mandat : donner la parole aux citoyens et non décider pour eux, ce
qui a été trop souvent le cas.
4. Pensez-vous qu’une Institution politique propre à l’Alsace doit disposer de pouvoirs et
de moyens accrus ?
Je crois en la décentralisation donc par principe, je crois qu’on n’a pas été assez loin dans le transfert
des compétences aux régions, mais là encore la parole doit être aux citoyens. Je constate avec une
grande déception que les élus du Haut-Rhin et du Bas-Rhin n’ont pas souhaité de rapprochement à ce
stade ce qui aurait été un premier pas dans la bonne direction.
Langue régionale
5. Une Institution politique propre à l’Alsace devrait pouvoir assurer en particulier la
gestion de tout ce qui concerne la langue et la culture régionales ?
Ce doit être une conséquence des points précédents.
Êtes-vous favorable à la ratification de la Charte européenne des langues régionales ou
minoritaires et/ou à une loi qui en adopte les principes ?
Le Conseil constitutionnel considère que « la Charte européenne des langues régionales ou
minoritaires comporte des clauses contraires à la Constitution » notamment au regard de
l’indivisibilité de la République (décision du 20 mai 1999). Une telle ratification nécessiterait une
réforme constitutionnelle. C’est donc un projet d’ampleur à évaluer précisément.
Identité alsacienne
6. Êtes-vous favorable à un enseignement à la population scolaire alsacienne de l’histoire et
de la culture d’Alsace ?
Le Conseil constitutionnel considère que « la Charte européenne des langues régionales ou
minoritaires comporte des clauses contraires à la Constitution » notamment au regard de
l’indivisibilité de la République (décision du 20 mai 1999). Une telle ratification nécessiterait une
réforme constitutionnelle. C’est donc un projet d’ampleur à évaluer précisément.