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Les dernières Nouvelles d’Alsace et L’Alsace du 15 mars rapportent de votre part les propos suivants : « Notre modèle à nous ne porte pas atteinte au modèle de la Nation. »
Nous nous battons, vous et nous, depuis 2016 pour qu’à minima l’Alsace redevienne une Région de plein droit. Un des principes qui a présidé à sa dissolution se trouve dans les propos tenus par Madame Lebranchu, ministre en charge des Collectivités, de passage à Strasbourg : « Il ne faut pas confondre : la région est un outil institutionnel, pas un outil de reconnaissance culturel ou historique ». (Cf. DNA du 25 avril 2015). Elle aurait pu rajouter sans trahir la réalité, le modèle de la nation française se veut d’unir les mêmes, en l’occurrence des clones de « territoires » neutres d’histoires et de cultures propres.
Dans les mêmes articles, il est dit que vous souhaitez « que la République puisse mieux prendre en considération à la fois les intérêts propres de chaque région, ce qui fait leur histoire, leur géographie, leur économie, leur culture, leur langue régionale ». En réalité leur identité. Nous ne pouvons qu’approuver votre souhait, mais il implique de revisiter le modèle de la Nation. En amont de la revendication en faveur d’un retour à une Région Alsace, il y a celle d’une évolution du concept de Nation en l’ouvrant sur le très européen et post-national principe d’union dans la diversité.
Si l’État devait rester sur le concept énoncé par Madame Lebranchu, rien ne le poussera à recréer une Région Alsace. D’autres critères resteront maîtres du jeu. La reconstitution d’une Région Alsace dotée de vrais pouvoirs et de vrais moyens et la pleine mise en valeur des particularismes alsaciens, quasiment tous liés à sa rhénanité, passent nécessairement par une reconnaissance des identités régionales en tant qu’éléments de l’identité nationale. Ce qui ne sera pas demandé ne sera pas obtenu.
L’Alsace, qui voit ce qui se fait ailleurs, est bien placée pour appeler la France à intégrer l’idée que l’union s’enrichit de la diversité et à s’inscrire dans une démarche de rénovation d’un système né de la centralisation monarchique et du raidissement révolutionnaire, afin de l’adapter aux dynamiques politiques et sociales contemporaines.
L’Alsace, qui voit ce qui se fait ailleurs, est bien placée pour appeler la France à une nouvelle gouvernance, à une régénération de la République fondée sur l’acceptation de la pluralité et de la multipolarité, non pour elle-même, mais pour la démocratie, par impératif catégorique.
Monsieur le Président, lancez ces appels !
Pierre Klein, président
Offener Brief an den Präsidenten Frédéric Bierry
In den letzten Nouvelles d’Alsace und L’Alsace vom 15. März wird von Ihnen Folgendes berichtet: „Unser eigenes Modell beeinträchtigt nicht das Modell der Nation“ (Notre modèle à nous ne porte pas atteinte au modèle de la Nation.).
Sie und wir kämpfen seit 2016 dafür, dass das Elsass zumindest wieder eine Region mit vollem Recht wird. Einer der Grundsätze, die seiner Auflösung zugrunde lagen, findet sich in den Worten von Frau Lebranchu, der für die Gebietskörperschaften zuständigen Ministerin, die in Straßburg weilte: „Man darf das nicht verwechseln: Die Region ist ein institutionelles Werkzeug, kein Werkzeug zur kulturellen oder historischen Anerkennung“. (Siehe DNA vom 25. April 2015). Sie hätte hinzufügen können, ohne die Realität zu verraten, dass das Modell der französischen Nation darauf abzielt, die Gleichen zu vereinen, in diesem Fall Klone von neutralen « Territorien » mit eigener Geschichte und Kultur.
In denselben Artikeln heißt es, Sie wollten, dass „die Republik besser in der Lage ist, die Interessen jeder Region, ihre Geschichte, ihre Geografie, ihre Wirtschaft, ihre Kultur und ihre Regionalsprache zu berücksichtigen“. In Wirklichkeit ihre Identität. Wir können Ihrem Wunsch nur zustimmen, aber er setzt voraus, dass wir das Modell der Nation neu überdenken. Der Forderung nach einer Rückkehr zu einer Region Elsass geht die Forderung nach einer Weiterentwicklung des Konzepts der Nation voraus, indem es auf das sehr europäische und postnationale Prinzip der Einheit in der Vielfalt ausgerichtet wird.
Sollte der Staat an dem von Frau Lebranchu dargelegten Konzept festhalten, wird ihn nichts dazu bewegen, wieder eine Region Elsass zu schaffen. Andere Kriterien würden weiterhin das Spiel bestimmen. Die Wiederherstellung einer Region Elsass, die mit echten Befugnissen und Mitteln ausgestattet ist, und die vollständige Hervorhebung der elsässischen Besonderheiten, die fast alle mit seinem Rheinland zusammenhängen, setzen zwangsläufig eine Anerkennung der regionalen Identitäten als Elemente der nationalen Identität voraus. Was nicht gefordert wird, wird auch nicht erreicht.
Das Elsass, das sieht, was anderswo getan wird, ist in einer guten Position, um Frankreich aufzufordern, den Gedanken zu verinnerlichen, dass die Union durch die Vielfalt bereichert wird, und sich für die Erneuerung eines Systems einzusetzen, das aus der monarchischen Zentralisierung und der revolutionären Versteifung entstanden ist, um es an die zeitgenössischen politischen und sozialen Dynamiken anzupassen.
Das Elsass, das sieht, was anderswo getan wird, ist in einer guten Position, um Frankreich zu einer neuen Regierungsführung aufzurufen, zu einer Regeneration der Republik, die auf der Akzeptanz der Pluralität und Multipolarität beruht, nicht um ihrer selbst willen, sondern um der Demokratie willen, als kategorischen Imperativ.
Herr Präsident, sprechen Sie diese Appelle aus!
Pierre Klein, Präsident