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Le destin des langues est toujours entre les mains des collectivités. Ce sont elles qui décident de leur sort. Soit elles promeuvent une langue ou plusieurs, soit elles s’en désintéressent, voire les condamnent à l’inexistence. En France, il s’agit en premier lieu de l’État et de ses administrations, qui au travers d’un usage de langue, en l’occurrence la langue française, assurent à celle-ci une pleine et entière existence sociale, c’est-à-dire scolaire, culturelle, administrative, médiatique et économique.
Ce qui est vrai pour la langue française ne l’est pas pour les autres langues de France, dites régionales ou minoritaires. Il est couramment admis que le français soit la langue commune de tous les Français, mais pourquoi devrait-il être le seul à bénéficier de l’existence sociale évoquée ? En vertu de quels principes les autres langues de France n’en profitent-elles pas, elles aussi ? Pourquoi cette discrimination ?
Il faut bien le reconnaître, les conditions ne sont pas réunies en France pour assurer une pleine existence aux langues régionales ou minoritaires, et, ce faisant, elles sont toutes en difficulté. La question n’est pas de savoir si les Alsaciens, Les Bretons, les Basques, les Corses, les Occitans et bien d’autres ont renoncé à leur bilinguisme. Elle est celle de savoir si toutes les conditions ont été réunies pour qu’ils puissent pleinement le vivre. Cela est loin d’être le cas. Les langues ne meurent pas, c’est leur pratique sociale qui vit ou non.
S’agissant de l’Alsace, l’allemand standard et dialectal ont-ils bénéficié ces dernières décennies d’une existence sociale pleine et entière ? Ont-ils trouvé un usage normal à l’école, dans les médias, dans l’administration, dans la culture, dans l’économie ou cet usage a-t-il été restreint, dépérissant, voire nul ? Autrement dit, l’offre de langue a-t-elle été suffisante pour inciter à sa pratique et sa transmission ?
Dans l’entre-deux-guerres, on l’a un peu oublié, l’État français s’attachait à un large bilinguisme et la langue allemande restait présente à tous les niveaux de la société alsacienne. Un quasi-statut de coofficialité ! Après 1945, il a été progressivement mis fin à cette réalité.
Au stade où se trouvent la maîtrise et la pratique de la langue régionale, une politique globale de revivification s’impose, selon un triptyque : compétence, transmission et usage. Le critère principal doit en être le gain de locuteurs, car ne pas en gagner, c’est continuer à en perdre jusqu’à l’effacement.
Il faut aujourd’hui, après tant de décennies de négligence ou de désintérêt, surtout de la part de l’État et de son administration, une politique globale de revitalisation, une politique d’offre de langue régionale dans toutes les strates de la société alsacienne.
Afin que la société alsacienne puisse disposer d’un bilinguisme conforme à son identité rhénane, c’est-à-dire d’un bien collectif à forte efficience sociale, économique et culturelle, il faut bien reconnaître que le « faisable aujourd’hui » n’y suffira pas et que donc rien de sérieux et de durable ne pourra se faire sans obtenir de l’État un investissement conséquent dans une pratique linguistique en faveur de la langue régionale.
Partons donc déjà d’un palier de 30 % d’existence sociale, c’est-à-dire scolaire, médiatique, culturelle, administrative, économique et cultuelle pour la langue régionale à attendre dans les quatre ans à venir. Ce palier constitue le niveau de bilinguisme collectif nécessaire pour que la langue régionale perdure et est la base nécessaire à un développement plus large dans le futur, des fondations en quelque sorte. Reste à trouver un juste et nécessaire équilibre entre les dialectes et le standard. Il s’agit de sortir d’une certaine « schizoglossie » alsacienne en faveur d’une saine diglossie.
La Suisse alémanique pourrait servir de modèle. En Suisse alémanique, il n’existe pas de véritable relation hiérarchique entre les deux variétés utilisées (standard et dialecte). Elles sont choisies en fonction du canal de communication. L’allemand standard est, sans exclusive, la variété plus formelle qu’informelle et le suisse allemand[1] est, également sans exclusive, la variété plus informelle que formelle, sans toutefois avoir un statut inférieur à l’allemand standard, souvent appelé « Schriftdütsch » (allemand écrit) par rapport au « Schwiizerdütsch » (allemand suisse).
Les deux sont considérés comme faisant partie d’un tout. Et c’est précisément pour cette raison que les deux expressions ont été et sont utilisées par toutes les couches de la population et que le dialecte s’est pleinement maintenu. Si vous demandez à un Suisse de Bâle ou de Zurich, quelle est sa langue, il répondra, sans aucun doute, le « Dütsch ». Par-là, il entend le Schwiizerdütsch[2] et le Schriftdütsch[3], tout comme jadis en Alsace par « Ditsch » on entendait l’« Elsasserditsch » (l’allemand alsacien) et le « Hochditsch » (haut-allemand ou allemand standard).
Et il y a fort à parier, considérant ses deux expressions, que notre ami Suisse ne se dira pas bilingue pour autant. Pour lui, Schwiizerdütsch + Schriftdütsch, c’est un tout et c’est « win-win », comme l’a été et le reste l’addition Elsasserditsch + Hochditsch pour l’Alsacien !
Nous, signataires du présent manifeste, demandons aux Administrations d’État et aux Médias publics d’utiliser la langue régionale d’Alsace (allemand standard et dialectes d’Alsace) dans au moins 30 % de leurs activités administratives, éducatives, informatives et culturelles, selon le modèle linguistique suisse. La mise en place de cet usage devra se faire dans les quatre ans. Ces 30 % constituent le minimum vital et la base nécessaire à une extension future.
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Manifest zur Übernahme der elsässischen Regionalsprache durch den Staat und seine Verwaltungen sowie durch die öffentlichen Medien
Das Schicksal der Sprachen liegt immer in den Händen der Gemeinschaften. Sie entscheiden über ihr Schicksal. Entweder fördern sie eine oder mehrere Sprachen oder sie zeigen kein Interesse an ihnen oder verurteilen sie sogar zur Nichtexistenz. In Frankreich sind dies in erster Linie der Staat und seine Verwaltungen, die durch den Gebrauch einer Sprache, in diesem Fall der französischen Sprache, ihr eine vollständige soziale Existenz, d. h. im schulischen, kulturellen, administrativen, medialen und wirtschaftlichen Bereich, sichern.
Was für die französische Sprache gilt, gilt nicht für die anderen Sprachen Frankreichs, die sogenannten Regional- oder Minderheitensprachen. Es ist allgemein anerkannt, dass Französisch die gemeinsame Sprache aller Franzosen ist, aber warum sollte es die einzige sein, die von der erwähnten sozialen Existenz profitiert? Nach welchen Grundsätzen profitieren die anderen Sprachen Frankreichs nicht auch davon? Warum diese Diskriminierung?
Man muss zugeben, dass in Frankreich die Bedingungen nicht gegeben sind, um den Regional- oder Minderheitensprachen eine vollständige Existenz zu sichern, und dass sie daher alle in Schwierigkeiten sind. Die Frage ist nicht, ob die Elsässer, Bretonen, Basken, Korsen, Okzitaner und viele andere auf ihre Zweisprachigkeit verzichtet haben. Die Frage ist, ob alle Voraussetzungen erfüllt wurden, damit sie die Zweisprachigkeit vollständig leben können. Das ist bei weitem nicht der Fall. Sprachen sterben nicht aus, es ist ihre soziale Praxis, die lebt oder nicht.
Haben das Standard- und das Elsässerdeutsch im Elsass in den letzten Jahrzehnten eine vollständige soziale Existenz genossen? Haben sie in der Schule, in den Medien, in der Verwaltung, in der Kultur, in der Wirtschaft eine normale Verwendung gefunden oder war diese Verwendung eingeschränkt, verkümmert oder sogar gleich null? Mit anderen Worten, war das Sprachangebot ausreichend, um zu ihrer Praxis und Weitergabe zu ermutigen?
In der Zwischenkriegszeit, man hat es ein wenig vergessen, setzte sich der französische Staat für eine weitgehende Zweisprachigkeit ein, und die deutsche Sprache blieb auf allen Ebenen der elsässischen Gesellschaft präsent. Ein Quasi-Status der Ko-Offizialität! Nach 1945 wurde dieser Realität allmählich ein Ende gesetzt.
Angesichts des derzeitigen Stands der Beherrschung und der Praxis der Regionalsprache ist eine umfassende Politik der Wiederbelebung erforderlich, die auf drei Säulen beruht: Kompetenz, Vermittlung und Gebrauch. Das Hauptkriterium muss die Gewinnung von Sprechern sein, denn wer keine neuen Sprecher gewinnt, verliert sie weiter, bis sie ganz verschwinden.
Heute, nach so vielen Jahrzehnten der Vernachlässigung oder des Desinteresses, vor allem seitens des Staates und seiner Verwaltung, ist eine umfassende Politik zur Wiederbelebung, eine Politik des Angebots der Regionalsprache in allen Schichten der elsässischen Gesellschaft erforderlich.
Damit die elsässische Gesellschaft über eine Zweisprachigkeit verfügen kann, die ihrer rheinischen Identität entspricht, d. h. einem Kollektivgut mit hoher sozialer, wirtschaftlicher und kultureller Effizienz, muss man sich bewusst sein, dass das, was heute machbar ist, nicht ausreichen wird und dass daher nichts Ernsthaftes und Nachhaltiges erreicht werden kann, ohne vom Staat eine Investition in eine Sprachpraxis zugunsten der Regionalsprache zu erhalten.
Gehen wir also bereits von einer Stufe von 30 % sozialer Existenz aus, d. h. schulischer, medialer, kultureller, administrativer, wirtschaftlicher und kultureller Existenz der Regionalsprache, die in den nächsten vier Jahren zu erwarten ist. Diese Stufe stellt das Niveau der kollektiven Zweisprachigkeit dar, das notwendig ist, damit die Regionalsprache überlebt, und ist die notwendige Grundlage für eine breitere Entwicklung in der Zukunft, gewissermaßen das Fundament. Es bleibt noch ein faires und notwendiges Gleichgewicht zwischen den Dialekten und dem Standard zu finden. Es geht darum, aus einer gewissen elsässischen „Schizoglossie“ herauszukommen und eine gesunde Diglossie zu erreichen.
Die deutschsprachige Schweiz könnte als Vorbild dienen. In der deutschsprachigen Schweiz gibt es keine wirkliche hierarchische Beziehung zwischen den beiden verwendeten Varietäten (Standard und Dialekt). Sie werden je nach Kommunikationskanal ausgewählt. Das Standarddeutsch ist ohne Ausnahme die formellere als die informelle Variante und das Schweizerdeutsch[4] ist ebenfalls ohne Ausnahme die informellere als die formelle Variante, ohne jedoch einen niedrigeren Status als das Standarddeutsch zu haben, das im Vergleich zum „Schwiizerdütsch“ (Schweizerdeutsch) oft als „Schriftdütsch“ (Schreibdeutsch) bezeichnet wird.
Beide werden als Teil eines Ganzen betrachtet. Und genau aus diesem Grund wurden und werden beide Ausdrücke von allen Schichten der Bevölkerung verwendet und hat sich der Dialekt vollständig erhalten. Wenn Sie einen Schweizer aus Basel oder Zürich fragen, was seine Sprache ist, wird er zweifellos „Dütsch“ antworten. Damit meint er das Schwiizerdütsch[5] und das Schriftdütsch[6], so wie man früher im Elsass mit „Ditsch“ das „Elsasserditsch“ (Elsässerdeutsch) und das „Hochditsch“ (Hochdeutsch oder Standarddeutsch) meinte.
Und es ist sehr wahrscheinlich, dass sich unser Schweizer Freund angesichts dieser beiden Ausdrücke nicht als zweisprachig bezeichnen wird. Für ihn sind „Schwiizerdütsch“ und „Schriftdütsch“ ein Ganzes und es ist eine Win-Win-Situation, wie es die Summe „Elsasserditsch“ und „Hochditsch“ für den Elsässer war und immer noch ist!
Wir, die Unterzeichner dieses Manifests, fordern die staatlichen Behörden und die öffentlichen Medien auf, die Regionalsprache Elsass (Standarddeutsch und elsässische Dialekte) in mindestens 30 % ihrer administrativen, pädagogischen, informativen und kulturellen Aktivitäten zu verwenden, nach dem Vorbild der Schweiz. Die Umsetzung dieses Gebrauchs muss innerhalb von vier Jahren erfolgen. Diese 30 % stellen das Existenzminimum und die notwendige Grundlage für eine zukünftige Erweiterung dar.
[1] La traduction de « Schwiizerdütsch » serait allemand-suisse, mais c’est plutôt suisse allemand qui est utilisé, sans doute en premier lieu par les Suisses romands (en allemand l’adjectif est placé devant le nom, en français, c’est l’inverse).
[2] L’allemand suisse.
[3] L’allemand standard.
[4] Die Übersetzung von „Schwiizerdütsch“ wäre Deutsch-Schweiz, aber es wird eher Schweizerdeutsch verwendet, wahrscheinlich in erster Linie von den Westschweizern (auf Deutsch wird das Adjektiv vor dem Substantiv gesetzt, auf Französisch ist es umgekehrt).
[5] Schweizerdeutsch.
[6] Standarddeutsch.