Il est très difficile d’interpréter les résultats du vote de dimanche 20 juin, qu’il s’agisse de la question institutionnelle ou d’autres, tant l’abstention a été énorme. Une autre contribution analyse les causes de la grande abstention et de préconiser des remèdes.
Pour ce qui concerne la question institutionnelle alsacienne, les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’analyse n’est pas aisée. L’offre politique fondée sur la sortie du Grand Est était bien trop peu représentée aussi est-il difficile de juger de l’état d’esprit des Alsaciens sur cette question au travers des urnes.
Seul Unser Land avançait franchement et crédiblement sur cette question, mais ce parti ne réussit pas depuis plusieurs élections à élargir sa base électorale pour diverses raisons qui ne dépendent pas que de lui.
L’autre offre prônant la sortie du (trop) Grand Est émanait du Rassemblement national, mais son message était perturbé par un positionnement départementaliste au détriment des régions.
Avec ces deux seuls mouvements politiques, l’offre était loin de couvrir la demande exprimée dans les sondages. Aussi est-il regrettable qu’une certaine partie de la classe politique alsacienne qui s’était illustrée au cours de la bataille d’Alsace menée ces dernières années n’ait pas jugée utile d’aller à la bataille électorale et de proposer une offre politique nouvelle et supplémentaire en faveur de la sortie du Grand Est.
Certains de ses membres préférant agir sous la forme de think tank, d’autres pires encore ayant rejoint les rangs des zélateurs du Grand Est pour des raisons qui les regardent, mais qui sont sans doute préjudiciables à la cause alsacienne (voir analyse des positions des partis)
Pour dimanche prochain les tenants d’un retour à une région Alsace pleine et entière choisiront à minima la liste Klinkert.
L’engagement de Madame Klinkert, pour que l’Alsace retrouve une institution politique propre, est connu. C’est à mettre indiscutablement à son crédit, tout comme la création de la Collectivité européenne d’Alsace (CeA), une œuvre largement partagée, aussi avec nous.
Le gouvernement s’étant déclaré hostile à une réforme de la réforme et notamment à une relecture des contours des régions, Madame Klinkert ne mène donc pas la bataille sur ce terrain-là. Par contre puisque Grand Est il y a, elle préconise, en bonne girondine, la correction de quelques-uns de ses travers, à savoir la gouvernance centralisée, l’éloignement et les coûts, tout en faisant évidemment des propositions de politiques générales.
Par rapport aux tenants du Grand Est, c’est donc sur de grands réajustements et réaménagements de la région Madame Klinkert fait des propositions et compte faire la différence avec les zélateurs du statu quo.
Certes, elle ne propose pas un système fédéral qui n’est pas dans la pensée politique française. Par contre, elle met fortement l’accent sur la décentralisation du Grand Est au profit des anciennes régions Alsace, Champagne-Ardenne, Lorraine et maintenant de la CeA.
Plus la décentralisation préconisée ira loin, plus l’Alsace se rapprochera d’un retour vers une vraie région, car elle aura démontré son efficacité. Encore faudra-t-il que toutes celles et tous ceux qui souhaitent que l’Alsace puisse gérer en propre ce qui lui est propre, tout en gérant avec le reste de la nation ce qui est commun franchissent le Rubicon… et déjà aillent voter dimanche prochain.
Pierre Klein, président
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