Retour sur les récentes élections régionales et départementales de juin 2021
Tout a été dit sur l’abstention et nous en avons fait une longue analyse. Une des raisons importantes en a été que les électeurs ne soient pas allés voter parce qu’ils ne s’identifient pas à la région Grand Est en particulier et, qu’en général, ils saisissent mal la fonction des régions françaises ou plutôt qu’ils ont intégré l’idée qu’elles ne sont que des chargées de mission de l’État qui de toute façon décide de tout.
La gestion verticale et centralisée, pour ne pas dire jupitérienne, de la crise pandémique en est un frappant exemple. Pour beaucoup d’électrices et d’électeurs, les véritables enjeux ne se situent donc pas au niveau des régions et ce faisant ne se sentent pas véritablement concernés. Une preuve par le contraire, en Corse où la collectivité dispose de plus de pouvoirs, on a beaucoup plus voté.
Lorsque de surcroit les régions sont dépourvues d’un récit régional comme il existe un récit ou un roman national, l’électeur n’est pas enclin à porter haut le fanion régional. Là aussi la Corse fait la démonstration inverse. Toute la société y est traversée par un récit identitaire corse. Ce n’est pas le cas en Alsace où en particulier la classe politique a tendance à ne traiter de ce sujet que du bout des lèvres. Alors qu’il s’agit d’une cause noble.
Mais il n’y a pas que cela. Une offre politique régionaliste clairement affichée en tant que telle, mis à part celle d’Unser Land, a largement fait défaut. Pourtant comme l’on démontré de récents sondages, le peuple des électeurs d’Alsace serait amplement enclin à voter régionaliste et demandeur d’une offre politique dans ce sens. Si l’offre régionaliste avait été élargie, à coup sûr, le vote aurait été plus important.
Unser Land est resté au taquet. Il y a donc des votes régionalistes qui se sont portés par défaut sur d’autres offres politiques. Mais comme certaines de ces dernières n’ont que laissé supposer leur régionalisme, sans donc se mettre sous sa bannière, il est impossible de faire un réel décompte du vote régionaliste alsacien et en conséquence de mettre à profit la résonnance qu’un tel vote aurait au niveau national, comme au niveau du récit alsacien.
On ne le sait que trop LR (Les Républicains) et ses alliés sont profondément divisés sur le sujet, clivés qu’ils sont entre pro collectivité alsacienne et pro collectivité « grandestienne ». Grand Est. Le parti du président et ses alliés qui faisaient leur le mot d’ordre « pas de réforme de la réforme » ne pouvait donc pas militer clairement pour une collectivité alsacienne pleine et entière, bien que pour certains le souhait existe réellement.
Tout cela a été bien un peu schizophrénique et confirmait les propos de Germain Muller « en Alsace, le contraire est toujours vrai ! ». Bref les régionalistes alsaciens se retrouvent bien un peu le bec dans l’eau.
Du côté des écologistes et des partis de gauche, c’était prévisible, on n’a pas entendu un discours régionaliste. De celui du rassemblement national, oui, mais son discours est largement mis en doute en raison d’un jacobinisme atavique.
Le régionalisme politique alsacien, qui serait tant nécessaire à un combat au profit d’un pouvoir politique alsacien permettant à l’Alsace de gérer en propre ce qui lui est propre tout en gérant communément avec le reste de la nation ce qui est commun, reste à être affirmé. Il n’y aura pas de véritable reconquête institutionnelle en Alsace et de surcroît une CSP sans que cela ne soit porté par un large mouvement politique dédié à sa cause en particulier et au régionalisme en général.